Vous êtes ici :

Le vin.

C’est l’introduction de l’ouvrage: « Le chasselas de Prayssas » qui nous fournit le texte préliminaire de cette rubrique sur le vin. Elle est complétée par l’article de M. Christiaens.

« La vigne remonte à la plus haute antiquité » disait Alexandre Vialatte, chroniqueur au journal « La Montagne » de 1952 à 1971, résumant d’une phrase l’histoire plusieurs fois millénaire de la vigne, et plus souvent du vin, la locution latine « in vino veritas » venant compléter les bienfaits de ce divin breuvage.

Et déjà, Bacchus tient une grappe de raisin qu’il déguste lentement, amoureusement, préfigurant, bien des siècles avant, l’aventure du chasselas à Prayssas. Loin de moi cependant l’idée de faire remonter le chasselas de Prayssas à la civilisation romaine ! La vigne a d’abord été cultivée à des fins viticoles.

De fait, il semble que ce soient les phocéens, fondateurs de Massilia (Marseille) qui apportèrent, cinq siècles avant notre ère, les premiers ceps de vigne sur le sol de la Gaule.

Cependant, le véritable développement des terroirs viticoles, leur épanouissement, est vraiment lié à l’invasion romaine. Rome a introduit, outre l’amour du vin et des terroirs, la législation et la juridiction viticoles dont les principes sont demeurés jusqu’à nos jours.

On peut penser que le terroir de Prayssas a connu semblable évolution et que chaque patrimoine possédait sa vigne dans le seul but de faire du vin.

La grande coutume de 1266, établissant les règles de vie de la cité de Prayssas évoque le commerce et la consommation du vin dans trois de ses articles.

L’article VIII traite d’une patente levée sur le vin par les seigneurs et les habitants et l’adjudication d’une taverne.

L’article XIV indique que « si l’on veut tenir taverne pour vendre son vin, l’on doit annoncer par cri public à quel prix on le vendra, et si après cette annonce, on diminuait la mesure ou on y mettait de l’eau, il faudrait payer cinq sous d’amende et le vin et le tonneau seront confisqués par le seigneur. »

L’article XVIII énonce les règles de la vente du vin (et du blé) précisant « qu’il doit être d’abord proposé à la communauté et vendu à un prix raisonnable avant de la porter hors de la ville à vendre où il lui plaira. »

L’ensemble des ces règles tend à protéger le commerce local et à parer à toute spéculation. D’ailleurs, d’autres textes plus récents, datant de 1725, notamment, obligent le tenancier d’un cabaret à acquérir la production locale avant d’acheter du vin à l’extérieur.

Le fraudeur encourait « la confiscation de la marchandise, distribuée aux pauvres, et la barrique était disloquée et brûlée sur la place publique ».

Les annales de Prayssas révèlent d’ailleurs une grande rigidité dans le commerce viticole, le vin de Prayssas n’étant point libre d’accéder au marché extérieur avant que la demande locale ne soit satisfaite. La même protection existait sur les villes voisines ; les débouchés naturels se font vers l’Angleterre et la Hollande via le port de Bordeaux, avec le port de Clairac comme tête de pont. Bon nombre de commissionnaires traitant de ce commerce ont d’ailleurs des patronymes portés par des familles de Prayssas.

Aujourd’hui encore, les anciens se souviennent de la culture de la vigne, de l’élaboration du vin et de la vente à des marchands ambulants, ce jusqu’aux environs des années cinquante.

Mais ce n’est qu’au XVII° siècle que les raisins apparurent sur les tables royales pour être dégustés tels quels.

Et c’est à la fin du XIX° siècle que débute l’histoire du chasselas de Prayssas que nous allons vous conter.