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Poids et Mesures.

Le 9 mars 1790, Charles Maurice de Talleyrand-Périgord soumet à l’assemblée une proposition tendant à uniformiser l’ensemble des poids et mesures. Pour justifier l’utilité de son projet et en guise d’introduction, il indiquait que « l’innombrable variété de nos poids et mesures et leurs dénominations bizarres jettent nécessairement la confusion dans les idées, de l’embarras dans le commerce ».

Il faut se souvenir que les mesures de longueur étaient calculées en aunes, demis, tiers quarts, pour les étoffes, en toises pour les bâtiments et en perches pour les arpentages, ces deux dernières se divisant en lignes et en pouces. Le bois de chauffage, mesuré en rotées, moules et charges jusqu’en 1669, est aujourd’hui estimé en cordes.

Quant aux liquides, leur capacité était évaluée en pots, pintes, chopines, demi-setiers, possons et roquilles, les futailles étant appréciées en pipes, queues, muids, feuillettes et quarteaux.

Aux matières sèches, étaient attribuées d’autres dénominations. Si les mesures fictives étaient comptées en muids et setiers, les effectives se calculaient en minots, boisseaux et litrons avec les différences liées au contenu selon qu’il fut charbon, blé, avoine, sel ou autre.

« Une telle bigarrure, qui est un piège de tous les instants pour la bonne foi, est bien plus commune qu’on ne le pense, puisque, même sous les noms auxquels l’usage semble avoir attaché l’idée d’une mesure fixe, tels le pied, l’aune…, il existe une foule de différences très réelles. Ainsi, le pied, fixé à cent vingt sept lignes en Lorraine, n’en mesurait plus que cent vingt à Rouen quand il en accusait cent quarante à Paris ».

Les cahiers de doléances dressés en 1788 et 1789 exprimaient le besoin d’un système métrique unique, suggérant l’adoption des poids et mesures en vigueur à la capitale. L’intelligence visionnaire de Talleyrand le porta à défendre des mesures dont le calcul aurait une valeur internationale. Ainsi, pour le mètre, une longueur égale à la 1/10 000 000 ième partie du quart du méridien terrestre ; le gramme fut l’unité de poids résultant de la masse d’un cm² d’eau pure à la température de sa densité maximum soit 4 degrés tandis que le litre était le volume contenu dans un cube de 10 centimètres de côté.

Par voie de conséquence, l’uniformisation des mesures entrainerait celle de la monnaie afin de faciliter les échanges.

Les principes étant posés, il convenait d’établir clairement le rapport entre les anciennes mesures et les nouvelles. Talleyrand propose la rédaction d’un décret dans lequel « Sa majesté sera suppliée de donner des ordres aux commissaires choisis par elle afin qu’ils obtiennent de toutes les municipalités comprises dans chaque département et qu’ils rapportent à paris un modèle exact des différents poids et mesures élémentaires qui y sont en usage ».

Le décret du 1er août 1793 stipule, dans son article premier que « le nouveau système des poids et mesures fondé sur la mesure du méridien terrestre et la division décimale servira uniformément dans toute la république », l’académie des sciences étant chargée de mettre en pratique les étalons des nouveaux poids et mesures.

On peut imaginer le travail titanesque de compilation des différentes mesures et leur étalonnage pour l’établissement des tables de comparaison ; l’immense effort d’adaptation des esprits pour assimiler les nouvelles mesures et l’information à diffuser dans  tous les coins du territoire.

L’ouvrage « Poids et mesures » vous compte cette aventure, le mot n’est pas trop fort, qui a conduit l’adoption définitive des nouvelles mesures en 1839.

Les « poids et mesures » consistaient en l’installation de mesures témoin comme on les trouve actuellement sous la halle du village. Elles ont été installées initialement dans l’abside de l’église Saint Jean, après avoir déplacé la sacristie qui l’occupait précédemment, mais qui était jugée bien trop humide. Une délibération du conseil municipal décrit de transfert.